Les agriculteurs allemands se mobilisent à Berlin
Ce lundi, environ 6 600 agriculteurs ont convergé vers la capitale allemande pour manifester contre les récentes coupes dans les subventions accordées aux tracteurs diesel et les exonérations fiscales sur les véhicules. Les manifestants craignent que ces mesures n'engendrent des coûts supplémentaires d'environ un milliard d'euros.
Le président de la fédération agricole, Joachim Rukwied (62 ans), a déclaré : "C'est une déclaration de guerre ! Nous ne tolérerons pas cela."
Cette manifestation s'inscrit dans un contexte où les agriculteurs expriment leur mécontentement face à ce qu'ils perçoivent comme un traitement injuste de la part du gouvernement. Ces dernières années ont été marquées par plusieurs manifestations massives organisées par le secteur agricole.
En Allemagne, on compte actuellement 258 700 exploitations agricoles qui emploient près d'un demi-million de personnes. Ce chiffre représente une baisse significative par rapport à celui enregistré en 2010, avec près de 40 000 fermes en moins. Parmi celles-ci figurent notamment :
-126 600 exploitations bovines
-51 700 fermes laitières
-16 200 élevages porcins
-87 700 exploitations céréalières
Il est frappant de constater que ce sont principalement les petites exploitations, celles dont la superficie est inférieure à 100 hectares, qui disparaissent, tandis que la proportion des grandes exploitations augmente. En effet, on observe une augmentation de 15% du nombre de grandes exploitations depuis 2010.
D'après le syndicat des agriculteurs, les exploitations ont enregistré une moyenne de 115 400 euros de revenus pour l'année 2022/2023, soit une augmentation significative de 45% par rapport à l'année précédente. Les éleveurs fourragers se sont démarqués avec un revenu moyen record de 143 320 euros pour leurs exploitations laitières, suivi par les fermes d'engraissement avec un chiffre avoisinant les134 349 euros. De leur côté, les agriculteurs spécialisés dans les grandes cultures ont également réalisé des performances remarquables en atteignant près de120 000 euros de revenus annuels.
Les exploitations agricoles biologiques en Allemagne connaissent une croissance significative, représentant désormais 14,2 % de l'ensemble des fermes. En comparaison, ce chiffre était seulement de 7,7 % en 2012. À la fin de l'année 2022, le pays comptait près de 37 000 exploitations biologiques couvrant environ un dixième des terres cultivées. Dans le cadre du nouvel accord de coalition, un objectif ambitieux a été fixé pour atteindre une part de 30 % des terres consacrées à l'agriculture biologique d'ici à 2030.
En termes financiers, les agriculteurs bio ont également prospéré avec une moyenne annuelle d'environ 100 000 euros gagnés par exploitation.
Parallèlement à cette dynamique positive dans le secteur bio, le gouvernement envisage d'allouer environ 14 milliards d'euros sur la période allant jusqu'à l’année 2027 afin soutenir les agriculteurs. Ces fonds se déclinent notamment sous forme du « soutien au revenu de base » (156 euros/hectare), du « soutien au revenu redistributif » (69 euros/hectare), ainsi que divers programmes visant à encourager et appuyer les jeunes agriculteurs tels qu'une aide spécifique s'élevant à116 euros par hectare. Des subventions supplémentaires sont également prévues pour promouvoir les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
Le professeur d'agriculture Thomas Herzfeld de l'Université de Halle-Wittenberg a récemment mené une étude qui révèle que dans une exploitation arable typique d'environ 100 hectares, près de 17 % du rendement annuel est directement attribuable aux subventions gouvernementales. Autrement dit, sur un revenu annuel de 207 000 euros, environ 35 714 euros proviennent des fonds publics.
Cette dépendance financière à l'égard des subventions est cruciale pour la survie économique de nombreux agriculteurs. Selon le Professeur Herzfeld : « Il existe des entreprises agricoles dont la pérennité repose entièrement sur les subventions. La pression exercée par les coûts augmente notamment en raison de l'augmentation du salaire minimum ».
Une tendance inquiétante se dessine alors que le nombre d'exploitations agricoles familiales diminue régulièrement au profit d'une augmentation proportionnelle des grandes exploitations. Le Professeur Herzfeld souligne : « Face à cette pression croissante sur les coûts, il devient difficile pour certains exploitants agricoles de maintenir leur activité ».
Souce: https://www.bild.de/
Comments